On reste engagé !
Dans le reflet de la vitre de la salle polyvalente du centre ville, elle contrôlait sa planche : épaule au-dessus du poignet, bras tendu, buste relevé, le tendre encore un peu plus en soulevant et écartant les côtes, oui, ça tire encore davantage, c’est ce qu’il faut. Le bassin est aligné avec les épaules, maintenir les cuisses loin du sol. Elle peut étendre l’autre bras à la verticale, rien ne bouge, c’est parfait. Soulager le poignet au sol en soulevant encore le haut du corps et tirer avec le bras qui vient au-dessus de la tête. Elle entend que ça souffle et gémit autour d’elle. « Allez les filles, on tient la planche ! Oui ça tire mais on tient encore quelques secondes ! » Ça tire de partout, mais pas de crampe pour tout gâcher. Les côtes sont sur le point d’exploser mais que c’est bon de sentir cette douleur, cette sensation d’éprouver son corps.
« Et on relâche ! Non Véronique, on ne s’écroule pas sur son tapis ! on pose un genou puis l’autre, on retient les mouvements et on garde son centre engagé ! Je ne veux pas voir les ventres gonfler ! » Ce n’est qu’une pause avant de remonter en planche. Elle a hâte de s’y remettre mais il y a encore Béatrice qui se plaint de sa sciatique.
Et c’est reparti. Les abdominaux très sollicités en début de séance signalent qu’ils sont de nouveau à bloc. Les muscles du dos chauffent et apportent de nouvelles sensations. Ils vont faire péter les côtes qui s’écartent encore un peu plus. Le poignet envoie des SOS: « lève ton cul et soulage le poids du corps de ma petite articulation ! » Heureusement la prof l’a entendu et donne de nouvelles indications: « Levez le bassin et sentez l’opposition entre vos chevilles et le haut du corps qui se lève et s’étire vers le haut et le côté, ouvrez le sternum, écartez les omoplates ! »
C’est la fin des planches. C’est la fin du cours. Encore quelques mouvements pour soulager les muscles et les articulations. Elle se sent plus mobile, le dos est souple, s’arrondit et vrille de plus en plus loin. Elle salue ses abdos qui se signalent dans tous ses mouvements, ses adducteurs qui rendent ses pas plus légers. Elle récupère ses affaires et se dirige vers les toilettes. elle aurait voulu que ça dure encore.
Incroyable le nombre de muscles qui interviennent pour soulever un T-shirt, défaire la brassière. Elle se maintient droite sans efforts, chaque mouvement est lent, comme une danse. Une petite lingette pour bébé pour se débarrasser de la sueur qui témoigne de ses efforts. Elle enfile ses bas en parfait équilibre, ajuste son soutien-gorge sur ses épaules droites et alignées, ajuste sa robe noire simple mais qui la rend si élégante. Une retouche de mascara, abondance de rouge sur les lèvres. Elle est prête pour aller danser.