Histoire pour mes filles, construite au fil de l’eau, en collaboration avec les intéressées. D’après une brillante idée originale qui n’est pas de moi…

Manon s’enfonçait de plus en plus dans la Forêt aux Licornes. Ici, les arbres étaient plus gros, plus imposants, plus serrés les un aux autres, laissant peu la lumière filtrer à travers leur feuillage. Le gazouillis des oiseaux se faisait plus discret, Princesse Manon n’osait plus chanter ni perturber le silence sacré de cet endroit. Le chemin se faisait plus sinueux, elle n’en apercevait pas la fin, pas la moindre clairière à l’horizon. Le silence était quasi total, Princesse Manon n’entendait que ses pas, son souffle et les battements de son cœur, de plus en plus rapides à mesure que la peur la gagnait. Puis, derrière un très vieux chêne au tronc gigantesque, Princesse Manon découvrit une licorne à la crinière bleue. Elle était de profil, la tête haute, l’œil observant paisiblement la jeune Princesse qui n’osait plus s’avancer. La licorne semblait pourtant l’attendre.

Pendant ce temps, John le Terrible se remettait à peine de sa rencontre avec sa licorne sirène. Il n’avait pas bu, les tonneaux étaient vides depuis longtemps. D’un bond, elle l’avait rejoint sur le pont et la voilà qui s’ébrouait devant lui, l’arrosant copieusement. Il regarda autour de lui, et comme par hasard, aucun membre de l’équipage ne se trouvait à proximité.
« Alors tu t’ennuies Pirate ?
– Pas du tout ! Un pirate de ma qualité ne s’ennuie jamais, il y a toujours quelque chose à faire.
– Très bien monsieur le Grand Pirate. Allez viens avec moi maintenant ! Agrippe-toi à ma crinière, je t’emmène.
– Mais quoi ? Où ? Comment ?

– Je viens de te le dire: tu montes sur mon dos et tu t’accroches à ma crinière. Et à la question « où ? », je t’invite à explorer un territoire où tu ne t’es jamais aventuré.
– Alors ça ça m’étonnerait, je connais tous les territoires alentours comme ma poche.
– Pas celui que je te propose, lui répondit-elle mystérieuse. Allez, fais-moi confiance et grimpe sur mon dos. »

Comme médusé, il répondit à l’invitation de la licorne-sirène. À peine s’était-il installé, qu’elle bondit puissamment pour les transporter tous les deux au-dessus du bateau et plonger profondément sous l’eau. Elle ressurgit quelques mètres plus loin, John Le Terrible totalement paniqué accroché à son cou.
« Mais qu’est-ce que tu fabriques? Ça ne va pas ou quoi, je ne suis pas un poisson, je ne peux pas respirer sous l’eau !
– C’est pour ça que je suis revenue à la surface. Arrête de râler. Et écoute-moi : si tu enfouis ton nez dans mes oreilles, tu pourras y respirer de l’oxygène. Colle-toi à moi, on y retourne !  »

John le Terrible n’eut pas le temps d’hurler Nooooooon qu’ils avaient plongé de nouveau.