La Princesse et le Pirate – Episode 4
Histoire pour mes filles, construite au fil de l’eau, en collaboration avec les intéressées. D’après une brillante idée originale qui n’est pas de moi…
Bien qu’impressionnée, princesse Manon se sentit attirée par la Licorne, comme par un appel par la pensée. La licorne continuait de l’observer, d’un regard bienveillant. Lorsque la jeune fille fut assez proche, la licorne tourna lentement la tête et la baissa, comme réclamant une caresse. Princesse Manon, hésita mais savait qu’elle pouvait tendre la main vers cette crinière magnifique. Intimidée, elle parvint enfin à poser la main sur la tête de l’animal merveilleux. Se répandit alors une chaleur bienfaisante. Il était vrai qu’elle marchait depuis de longues heures, elle prit conscience à quel point elle était fatiguée. La licorne redressa lentement la tête pour lui faire face.
« Monte sur mon dos, je t’accompagne où tu voudras. » La licorne n’avait pas bougé ses lèvres, mais Princesse Manon l’avait entendue distinctement.
Sans attendre, l’animal se déplaça de façon à présenter son flanc à la jeune fille qui l’enfourcha sans peine.
« Où veux-tu aller ? »
« Voir la mer ! » répondit la princesse à haute voix. Ce n’était pas un ordre mais comme un souhait qu’elle aurait formulé auprès d’une bonne fée. La licorne se mit en route, d’abord lentement, puis sentant que sa cavalière était à l’aise, prit une cadence plus soutenue. Princesse Manon se pencha et entoura le cou de la licorne de ses bras pour ne pas perdre l’équilibre. Elle finit par se laisser aller et se blottit contre l’animal. Bercée par le rythme régulier de la course de la licorne, elle finit par s’endormir.
Pendant ce temps, une autre licorne se frayait un chemin à travers les flots, John La Terreur agrippé à sa crinière. Le long nez du pirate qui venait inspirer sa dose d’oxygène lui chatouillait les oreilles, elle devait se retenir pour ne pas faire des embardées et laisser aller son rire.
Bientôt ils arrivèrent devant une bulle gigantesque et transparente, reposant sur le sable. John le Pirate tira sur la crinière pour faire freiner sa monture à l’approche de la paroi de cette bulle. La Licorne eut toutes les peines du monde à maintenir sa vitesse, nécessaire pour traverser la bulle. Celle-ci franchie, elle se reforma et se consolida. Quelques pirouettes pour ralentir, et la licorne posa ses pattes en douceur sur le sable. Le pirate tomba lourdement à terre, évanoui. La licorne remua les joues du pirate de son museau. Celui-ci ouvrit les yeux, prit quelques instants pour réaliser où il était et bondit sur ses pieds. Il réalisa qu’il pouvait respirer sans avoir besoin de fourrer son nez dans les oreilles de la licorne.
« Alors monsieur le Terrible, on tourne de l’œil ? On a eu peur ?
– Je n’ai jamais peur, mais tu as déjà entendu parler de l’effet du manque d’oxygène ? Je suis un être humain, je te rappelle.
– Et c’est par manque d’oxygène que tu as failli m’arracher ma crinière ?
– Excuse-moi, c’est un reflexe. Quand je vois que mon bateau s’approche d’un obstacle, je fais tout pour l’éviter. Je n’ai pas l’habitude de foncer droit dessus en gardant mon calme.
– Donc tu as eu peur. Il n’y a pas de mal à cela, c’est normal d’avoir eu peur ! Bon, cesse de me disputer et regarde autour de toi. »
Le marin considéra en effet l’endroit dans lequel cette satanée licorne sirène les avait conduits. Sa bouche s’ouvrit de stupeur et d’émerveillement. Il n’avait jamais rien vu d’aussi beau.