Silence c’est les vacances
Elle fut séduite par le silence qui régnait en entrant dans le petit cottage. Certes les murs avaient besoin d’un coup de peinture blanche ou jaune, il fallait choisir son camp, et les rideaux étaient aujourd’hui interdits à la vente par la répression du mauvais goût. Cependant le logement était propre, la cuisine contenait de la vaisselle en bon état et de quoi assurer un minimum de décence pour les repas.
Ses deux garçons déboulèrent dans la petite maison :
« Prem’s c’est moi qui choisis mon lit !
– Ca se fait pas tu m’as poussé !
– Je prends ce lit !
– J’m’en fiche je veux l’autre !
-Mamaaaan ? On peut dormir dans des chambres séparées mon frère m’énerve déjà !»
Marc finissait de déménager le contenu de la voiture vers les chambres. Comme d’habitude son fils Louis était vautré sur le canapé avec son téléphone, nullement perturbé par l’agitation autour. Il ne manquerait plus qu’il leur demande de faire moins de bruit ! Son père serait capable de le soutenir et ça finirait de l’excéder pour le reste du séjour. Déjà qu’elle était à cran.
Elle sursauta : « Mamaaaann ! On est prêts ! On a mis nos maillots et on a même préparé nos affaires de piscine ! Quand est-ce qu’on y va ? » Elle faillit répondre de manière violente, mais elle se retint à temps et inspira profondément. Après tout, ils étaient venus là pour ça.
Enfin de nouveau le silence. Ses garçons dormaient depuis longtemps, elle profitait d’être enfin un peu seule dans la salle de bain et s’enduisait de crème hydratante pour réparer sa peau séchée par le chlore. Louis avait enfin fini par éteindre après les molles relances de son père. Mille fois elle s’était retenue d’intervenir au cours de la journée : « Ca t’écorcherait la bouche de dire bonjour / s’il te plaît / merci ? Tu peux rester assis à table ? Non, tu ne vas pas boire 3 litres de lait avant de passer à table. Un verre non plus. Tu n’as pas fini ton assiette, même avec les doigts, donc non, tu ne manges pas de pain vingt minutes après la fin du repas. Tu peux sourire ? Tu peux participer à la conversation ? » Elle ne savait pas sur qui elle avait le plus envie d’hurler : son mec ou le fils de son mec.
La liste des reproches fut interrompue par des voix dans le salon. Elle sortit de la salle de bain en nuisette. Marc et Louis la regardèrent tous les deux affichant chacun le même regard perdu. Marc se tourna vers son fils et le pris par les épaules pour le reconduire à sa chambre. « Ce n’est rien, ça arrive parfois, c’est un endroit que tu ne connais pas. Ne t’inquiète pas et va te recoucher. » Elle identifia la flaque à l’origine des commentaires, mais ne trouva pas le verre ou ce qu’il en restait. Marc revint et s’empressa de lui dire qu’il allait tout nettoyer.
« Mais il faut aspirer les débris de verre !
– Quels débris de verre ? Mais non, il a pissé par terre pas dans un verre ! »
– Il a… quoi ?
– … Non mais… il s’est trompé de pièce…
– Il. A. Confondu. Le salon. Avec les toilettes ?
– Non, mais c’est une sorte de crise de somnambulisme. Ca lui arrive parfois. Il a dû se croire chez sa mère ou ailleurs. Tu peux pas comprendre. » Il se dirigea vers la flaque avec l’éponge.
Pour ne pas le gêner dans sa tâche, elle s’éloigna du salon et se retrouva près de la chambre de Louis. Machinalement elle entra pour regarder s’il dormait. Il avait les yeux clos, la bouche légèrement entrouverte, la respiration lente, son visage était détendu et paisible. Elle attrapa un coussin et recouvrit ce visage angélique en le maintenant fermement malgré les soubresauts jusqu’à ce que le corps se calme de nouveau. Enfin le silence. Pour de bon.
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OH MY GOD