Writober 2 – un brin
« Un brin d’herbe! Je le savais! Tu es allé dans le jardin! Pour fumer!
– Non mais ça va pas? Arrête ta parano Papa, je ne suis pas allé dans le jardin pour fumer!
– Ah oui? Et tu m’expliques comment le brin d’herbe est arrivé sous ta chaussure?
– Ca ne veut pas dire que j’ai fumé. Ça pourrait éventuellement suggérer que je suis allé dans le jardin. Et encore. Tu ne penses pas qu’il y aurait un plus d’un brin d’herbe et un peu de boue collés?
– Arrête de faire le malin. Je sais que tu fumes en cachette.
Bastien soupira et regarda son père. Il pouvait le regarder de haut depuis quelques mois. Il lui répondait calmement, avec un léger sourire:
» Je vais vraiment me mettre à fumer et tu verras que je sentirai la clope sur mes vêtements, mes cheveux, mes mains. J’aurai une haleine de cendrier dans lequel on aura pshitté du déo à chiotte parfumé à la menthe. Et tu auras toutes les raisons de t’énerver.
Mais là, vraiment tu me fatigues. «
Il n’attendit pas la réponse de son père et rejoignit sa mère dans la cuisine.
» A table Roland! » Le père bougonna plutôt que répondit à l’appel de sa femme et suivit son fils jusqu’à la table familiale.
Le dîner fut animé par Bastien et sa mère, autour de discussions sur un livre qu’ils avaient lu tous les deux et qu’ils avaient perçu de manière différente. Le père resta maussade.
Après avoir aidé sa mère à débarrasser et faire la vaisselle, Bastien resta encore un peu discuter puis regagna sa chambre.
Quand il sut que ses parent étaient couchés, il se dirigea vers leur chambre sans chercher à masquer le bruit de ses pas. Puis, arrivé au bas de l’escalier, il attendit. Aucun bruit n’indiqua que ses parents l’aient entendu. Il prit alors son blouson, enfila ses baskets sans prendre la peine de les lacer et sortit par la porte de derrière. Il glissa sa main dans la poche de son blouson. Elles étaient bien là. Il apprécia l’observation du jardin en cette nuit fraîche de début d’automne. La pluie avait alourdi les feuilles et une odeur d’humus en décomposition se dégageait. Par chance le rayon de lune éclairait l’endroit qu’il convoitait. Il s’y rendit en vérifiant une nouvelle fois le contenu de sa poche.
Et voilà enfin venue la récompense de fin de journée: la famille hérisson, l’attendait sous la haie, trahis par leurs yeux qui reflétait le faible éclat de la lune. Il remit la main dans sa poche pour y prélever une poignée de croquettes qu’il dispersa sans heurt sur le sol. Il s’éloigna délicatement, tout en surveillant la haie. Comme d’habitude, c’est le petit hardi qui pointa le museau en premier. Au bruit des croquettes mastiquées, les autres suivirent. La mère assurait les arrières. Il avait gardé une poignée pour elle. Contemplant ce spectacle, il alluma une cigarette.
Ce texte s’inscrit dans une série qui s’alimentera au cours du mois d’octobre, en lien avec un détournement de Inktober. Le détournement est une idée de Kozlika : au lieu d’un dessin par jour, ce sera un texte inspiré par le mot du jour.
3 commentaires
J’aime beaucoup l’ambiance de ce billet. Hérisson ou renard, comment résister à la joie de les nourir pour mieux les observer 😉
Oui, cet été c’était plutôt des renards qu’on suivait! Je n’ai pas voulu rendre l’hommage jusqu’à plagier totalement les récits des renards 😄
Mais c’est un bien joli relais, des renards aux hérissons 🙂