Writober 22 – Chef cuisinier
Prenez une bonne intrigue. Ca se trouve pas au supermarché, il faut la dénicher chez les petits commerçants, les artisans, qui cultivent l’intrigue de manière raisonnée, sans dopage artificiel.
Dégotez des personnages élevés et façonnés dans des matières nobles ou pas, peu importe. Ce qui compte c’est le temps et le soin apporté au façonnage. Là aussi il est déconseillé de prendre du personnage avec 2-3 caractères de façade, sans profondeur.
Sélectionnez ensuite votre décor, naturel ou reconstitué en studio. Vous pouvez en avoir plusieurs. Dans ce cas, optez pour le contraste. Le décor est un ingrédient clé, souvent laissé de côté. Mais les grands chefs savent qu’il ne faut surtout pas le négliger. Parfois, cela peut constituer un personnage en soi. Attention, ce décor ne pourra être bien servi que par des éclairages et une photographie léchés.
Le plus difficile, et ce qui différencie les grands des amateurs, c’est le dosage de tous les condiments et épices qui vont signer l’œuvre: l’humour, la noirceur, la poésie, la magie, les cascades, la façon d’articuler les évènements, les dialogues, les silences, la capture des regards et des expressions, l’emploi de la suggestion plus que de l’ostentation, le rythme, les effets spéciaux.
Enfin, car il reste un ingrédient ultime qui exhausse le tout, tel le sel en cuisine: la musique. Existante ou composée à façon. Si elle est bien choisie, en accord avec une scène mythique, elle rentrera dans l’inconscient collectif.
Voilà la recette d’un film réussi, selon les grands chefs du cinéma, et surtout selon moi qui ne fais que les regarder!
Ce texte s’inscrit dans une série qui s’alimentera au cours du mois d’octobre, en lien avec un détournement de Inktober. Le détournement est une idée de Kozlika : au lieu d’un dessin par jour, ce sera un texte inspiré par le mot du jour
4 commentaires
Ton texte me donne envie d’aller au cinéma (voir un film qui ait suivi ta recette, évidemment).
Je réfléchis au dernier que j’ai vu, fin septembre… ça me fait penser à l’actrice principale, grâce à qui j’ai pu pardonner une certaine perte de haleine du récit un peu avant la fin du film… Je ne sais pas si les actrices et les acteurs rentrent dans la partie « façonnage des personnages » de ta recette ?
J’aime beaucoup 🙂 C’est vrai que pour un bon film, il faut de bons ingrédients 😉
@Gilsoub :c’est vrai que tu en connais un rayon! Et tu sais aussi qu’il faut aussi de bonnes actrices! 😉
@Pablo: oui, il faut aussi de bon acteurs pour camper des personnages avec des aspérités, toujours selon mon avis de pure spectatrice!
« l’emploi de la suggestion plus que de l’ostentation » ah si seulement cette règle était plus souvent appliquée…
Jolie façon de tricoter autour du mot « chef cuisinier » !