Writober 14 – Armure
Qu’elles soient de samouraï, de chevalier, ou romaine, les armures me laissent totalement indifférente. En revanche, ce qui m’intéresse depuis fort longtemps, ce sont les mécanismes de défense internes. Pas uniquement le système immunitaire, qui se débrouille avec virus et bactéries pour leur livrer une bataille sans nom, avec la capacité de déployer des armées en un temps records à la moindre récidive. C’est sur ce principe qu’est basée la vaccination, qui permet d’optimiser la neutralisation d’une maladie, soit dit en passant.
Je suis aussi fascinée par tous les petits mécanismes mis en place au cours des siècles d’évolution pour se défendre contre les erreurs de système, par exemple la recopie de la molécule d’ADN à chaque fois qu’une cellule se divise. Allez recopier un mot de trois milliards de lettres, avec un alphabet limité à quatre lettres, sans vous tromper une seule fois! C’est impossible. Mais c’est encore plus dur de vérifier que l’on ne s’est pas trompé. Malgré des systèmes très performants de recopie et de contrôle qualité, il persiste des petites erreurs. Ce taux d’erreur est presque fait exprès pour introduire de la diversité et laisser la chance aux espèces d’évoluer. Parfois, c’est dramatique, c’est souvent sans effet ou alors, c’est carrément une chance: provoque une nouveauté qui a une répercussion non négligeable sur l’organisme entier, voire même jusqu’à l’espèce.
Imaginez l’ancêtre de la girafe qui avait un petit cou. Une petite erreur dans l’ADN d’un individu et celui-ci donne ainsi naissance à un animal avec un cou plus long. Ce dernier a donc la possibilité d’attraper des branchages que les autres ne peuvent pas atteindre. Il devient un sex symbol « Oh non mais regarde comme il arrache ces hauts branchages avec sa langue violette, il est trop sexy!!!! ». Parce que le sexy est directement associé à un instinct de survie et / ou maintien de l’espèce. Comme les animaux sont assez libres sexuellement, on obtient des descendants à gogo. Ces descendant ont de meilleures chances de survie par rapport à ceux qui n’ont pas le cou allongé, puisqu’ils ont moins de problèmes pour se nourrir. Le long cou devient ainsi le nouveau critère de beauté. Laissez agir quelques siècles et hop, on obtient des animaux aux longs cous. Dans cet exemple, le laxisme sur le contrôle qualité de recopie de l’ADN a permis à une espèce animale de se défendre contre la famine dans une région sèche au climat aride. Evidemment cette démonstration est faite de nombreux raccourcis. Darwin, si tu me lis…
Je pourrais citer tout plein d’autres systèmes mis en place à l’échelle microscopique, mais cela pourrait devenir barbant. Au-delà des mécanismes internes à chaque cellule qui compose un corps, il y a aussi un système de coopération établi avec des bactéries pour différentes fonctions, notamment de défense immunitaire, qui est incroyable. Oui, parce qu’il existe des bactéries utiles, et bizarrement on en entend moins parler, quoique… (Le charme discret des intestins est un best-seller)
A travers ces exemples, ce que je retiens c’est que, naturellement, on a besoin à la fois de générer de la diversité mais aussi de s’associer à différent de soi, que ce soit pour se défendre, ou pour d’autres fonctions vitales. Si l’on pouvait transposer ces besoins intrinsèques à l’échelle de notre société… Père Noël si tu me lis…
Ce texte s’inscrit dans une série qui s’alimentera au cours du mois d’octobre, en lien avec un détournement de Inktober. Le détournement est une idée de Kozlika : au lieu d’un dessin par jour, ce sera un texte inspiré par le mot du jour
5 commentaires
Mais le microbiote est devenu « à la mode », il me semble, non ? (je veux dire, qu’on lui donne maintenant davantage d’importance et qu’il est devenu une objet de recherche très actif ?).
De drôles d’armées avec leurs drôles d’armures, en tout cas… t’as bien détourné le sujet de ce qui semblait sa voie évidente… !
* un objet très actif de recherche ?
** un objet de recherche très active ?
*** (à moins que ce ne soit un sujet… ! 😮)
Oui,, heureusement, le microbiote devient un sujet populaire.. On comprend mieux certaines maladies grâce à cela, même des maladies que l’on pensait psychiatriques (anorexie par exemple).
J’aime tes raccourcis parce qu’en dehors des images qui me viennent et qui me rendent le récit drolatique, c’est une excellente façon de vulgariser un sujet qui m’est totalement hermétique.
Génial Laurent! C’est le but recherché! Merci de ton retour!