À la surprise générale, le pirate laissa tomber son épée et leva les bras en l’air. Princesse Manon et le pêcheur se regardèrent, incrédules.
 » Je ne vous veux aucun mal, rassurez-vous. Je suis venu jusqu’ici à la nage, je suis épuisé. Je ne sais pas où est mon bateau, je ne sais même pas si je le retrouverai. Vous avez parlé de fruits. Accepteriez-vous de m’en donner quelques uns ? Je réalise que je meurs autant de faim que de fatigue. Je vous laisse mon épée en otage.  » Il se baissa pour ramasser son arme mais le pêcheur l’arrêta dans son élan.
« Stop, pas un geste, c’est moi qui vais venir chercher l’épée. Éloignez-vous. »
Le pirate obéit sans broncher.
Une fois l’arme en sécurité, Princesse Manon alla chercher des fruits et de l’eau qu’elle apporta au Pirate. Celui-ci la remercia silencieusement et croqua dans un fruit. Il apprécia chaque goutte de nectar qui venait remplir sa bouche, ses papilles n’avaient jamais goûté quelques chose d’aussi savoureux. Il en eut presque les larmes aux yeux. Mais il fallait assurer une certaine tenue. Sa réputation de pirate était déjà bien diminuée.

Princesse Manon regardait le pirate à la dérobée. Il n’avait pas l’air bien méchant avec ses yeux noirs qui pétillaient à chaque bouchée de fruit avalée. Le pêcheur restait méfiant et se tenait à l’écart. Il avait fait disparaître l’épée.
Tout le monde s’observait, quand soudain on entendit :

« John La Terreur où êtes-vous ? Je vous interdis de toucher à un cheveu de Princesse Manon !  »

Le pirate fut stoppé en plein festin. Il leva la tête, la bouche encore ouverte prête à croquer le fruit. Il avait du jus qui lui coulait dans la barbe, les yeux grands ouverts et il affichait une tête de celui qui s’est fait prendre en plein de délit de grosse bêtise.
 » Mais c’est pas juste, pour une fois que je n’ai rien fait !  »