Il voulut attraper son verre mais celui-ci resta collé à la table. La cascade qui suivit fit rire toute la tablée. Un rire à tirer les larmes. Au moins le centième de la soirée.

Rien n’avait été organisé et pourtant ils s’étaient tous retrouvés dans ce bar qui ne payait pas de mine. Le patron, au lieu de se réjouir de l’animation et la joie de vivre qui emplissait son établissement ce soir leur jetait des regards obliques en continuant d’arroser ses piliers de comptoirs muets. Les bougres semblaient amusés de cette nouvelle compagnie. On pouvait voir que Christophe lorgnait de leur côté. D’ici peu, il allait les convier à les rejoindre en payant une tournée générale, comme à son habitude. Le temps d’une soirée, ou plutôt d’une parenthèse en fin de soirée, ils étaient tous très proches, bienveillants, les plus forts, tous d’accord, riches et généreux, bref heureux ensemble.

Joseph stoppa la vidéo de son téléphone. Avec le silence revint la conscience de l’obscurité de la pièce, de son côté douillet et chaud. Il regarda le petit garçon qui dormait dans le creux de son bras, son visage confiant et paisible le toucha encore une fois. En cette fin de soirée il se sentait le plus fort, et tellement heureux.