Interview

Interview

La voix est posée, calme, assez grave. Le rythme est lent et pourtant tous les mots viennent facilement les uns après les autres, correctement articulés et prononcés, sans hésitation, sans “euh”, sans pause pour chercher ses mots. On pourrait croire qu’elle lit mais on entend que rien n’est préparé. Pas même la description très precise, sans doute fausse sans pour autant que l’on puisse l’accuser de mensonge, du paysage dans son enfance qu’elle décrit de mémoire. A la question: “quelle enfant étiez-vous ? Plutôt sage à lire enfermée dans sa chambre ou plutôt dehors ?” Elle répond “j’étais à la fois livres et bicyclette”. Bicyclette. Pas vélo. Elle parle comme un livre.

Au début c’est chiant. Limite soporifique: pas un mot plus haut que l’autre, de grandes tirades sur les auteurs classiques, son amour pour Proust puis Flaubert qu’elle a découvert plus tardivement. Évidemment à la maison chez ses parents “on écoutait de l’opéra”. On ne s’attendait pas à ce que Johnny fasse son apparition dans le récit de son enfance. Elle est un peu snob non ? Un peu pédante. Le summum est atteint lorsqu’elle déclare que son plus grand succès littéraire, vendu à des milliers d’exemplaires et que l’on continue à publier et traduit dans plusieurs langues a été écrit très facilement.

On poursuit l’écoute malgré tout parce que le propos est intéressant, la curiosité est titillée. Et puis arrive le second souffle: on est ferré par son ton, sa voix, la musicalité de ses mots, de sa prononciation. On l’imagine derrière le micro, les yeux perdus dans le lointain à l’évocation du souvenir à nouveau finement présenté des jardins du palais d’argent de Kyoto. Elle est finalement plus humble qu’on ne le pensait devant son processus d’écriture. Quand on l’entend parler, on comprend que c’est facile pour elle d’écrire et de coucher sur le papier les impressions, les paysages ou les intérieurs, le mot juste naturellement et sans effort posé. Peut-être faudra-t-il affiner les adjectifs ou les adverbes pour plus de justesse, jouer avec la tournure de la phrase pour mettre en exergue un concept, une idée, une impression.

Pas de plan de l’histoire, il faut se laisser surprendre par ce que les personnages ont envie de vivre et raconter. Pas d’histoire très alambiquée par conséquent. Ce n’est pas pour ça qu’on la lit. C’est pour sa poésie, pour le réel sublimé qu’elle dépeint, des personnages atypiques et somme toute attachants.

Merci Muriel Barberi pour cet entretien radiophonique. J’ai eu envie de me remettre à écrire.

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