Ratatouille froide

Ratatouille froide

L’ambiance du marché vers huit heures, avec ses étals fournis et bien rangés, ses commerçants disponibles pas encore fatigués de leur journée pourtant bien entamée était ce qu’il appréciait le plus le samedi matin. Il choisit ses légumes chez son marchand habituel, satisfait à l’avance du temps qu’il allait passer a les découper finement pour les glisser dans une ratatouille que ses enfants allaient apprécier sans pouvoir trier les ingrédients qu’ils disaient ne pas aimer. Il était heureux de les retrouver le lendemain pour partir avec eux en vacances. Il était encore plus excité à la perspective du dîner de ce soir et se délecta davantage à sélectionner ce dont il avait besoin pour le repas qu’il allait préparer pour la femme qui lui faisait de nouveau battre le cœur. Elle avait récemment rompu avec lui et était revenue sur sa décision. Il allait donc la choyer et l’inciter à rester avec lui toute la vie. Ça et le programme après-dîner… rien qu’à l’idée… Il chassa temporairement ses pensées lubriques et paya le primeur.

Elle sortit du petit parking sous la halle du marché et s’avança dans les allées vides et trop silencieuses entre les étals. Les marchands blaguaient être eux, allaient chercher des cafés pour les uns les autres en attendant l’afflux des clients. Elle aurait préféré faire partie de cette vague de clients à venir mais aujourd’hui elle avait dû changer ses habitudes. Elle voulait être sure de trouver ce qu’elle cherchait. Elle trouva très rapidement l’objet de sa quête chez le marchand de fruits et légumes bio, à l’autre bout de la halle. Son ex était effectivement fidèle à ses habitudes horaires et seul. Elle ne s’était pas levée si tôt pour rien. Satisfaite, elle fit les différents achats de sa liste, appréciant les échanges avec les différents commerçants qui ne manquaient pas de lui faire de petits cadeaux d’un ou deux fruits supplémentaires ou de de fines herbes. Ça avait du bon de venir quand il n’y a personne, mais elle avait souvent ces cadeaux de toute façon. Elle était décidément de bonne humeur. Elle évita soigneusement de croiser son ex, chose peu aisée lorsqu’il y a peu de monde. Mais il était dans ses pensées, le sourire au lèvres. Quel connard.

Il rangea ses courses et décida de s’attaquer à la préparation du dîner. C’était une façon d’y être déjà. Tout en épluchant les aubergines, il imagina ce qu’il allait découvrir en ouvrant la porte: porterait-elle cette robe qui mettait des courbes en valeur à travers laquelle on devinait ses sous-vêtements ? Il allait lui sauter dessus direct, l’emmener dans sa chambre, lui faire l’amour et la faire jouir encore et encore. Puis il demanderait de ne pas remettre sa culotte pour le dîner. Ce qu’il était excité ! Il interrompit sa préparation et lui envoya un message : »j’ai déjà envie de toi »

Elle rangea rapidement ses courses, ce qui était facile puisqu’elle n’avait pas acheté grand chose finalement. La musique que diffusait sa voisine la fit tressaillir : c’était la chanson préférée de son ex qui venait de la larguer de manière brutale et irrespectueuse. La colère prit vite le dessus sur la tristesse de l’avoir perdu. Elle n’allait pas regretter ce connard fini ! Elle était de nouveau en maîtrise. Son corps était de nouveau redressé, les épaules droites, elle respira profondément. Il était temps de prendre l’air. Décidée, elle sortit de la résidence et prit la petite rue qui descendait. Le bitume avait été refait, les voitures étaient bien alignées, il était encore assez tôt et personne n’était sorti. Le cœur battant, elle stoppa devant la maison de son ex. Elle eut un petit rire sarcastique en repensant qu’elle s’était déjà présentée le cœur battant devant cette grande maison à l’architecture insipide. Ce cœur avait été injustement malmené par son propriétaire. Ce connard.

Le téléphone restait décidément silencieux. Il continua sa préparation en démarrant sa playlist « latino lovers ». La sonnette de l’interphone retentit. Cela se pourrait-il que ce soit elle ? Elle lui aurait fait la surprise de débarquer plus tôt ! Ce qui expliquerait qu’elle ne répondait pas à son message ! Il se lava vite les mains et courut déclencher l’ouverture du portillon, attendit quelques secondes, ouvrit brusquement la porte et se décomposa.

« Oh mais qu’est-ce que tu fais là ?  » Dans l’encadrement de la porte se tenait la nana avec qui il avait couché pour se remettre de sa rupture. Il ne lui avait exactement tout dit et elle s’était entichée de lui. Quel pot de colle.

– Désolée, je ne serai pas longue mais il fallait que je te voie. Je peux rentrer ? Je t’assure je n’en ai que pour quelques minutes mais c’est important. »

– Je suis en train de cuisiner, ça ne m’arrange pas trop.

– Je t’assure je n’ai besoin que de quelques minutes de ton temps.

– Ok rentre. »

Elle rentra, ne retira pas ses chaussures pour luis signifier qu’elle ne comptait pas aller au-delà de l’entrée. Elle perçut un relâchement dans les épaules qui lui indiquait qu’il était un peu rassuré. Elle en profita pour l’attraper par l’épaule et lui asséner un cou de genou dans l’entrejambe. Il se plia aussitôt de douleur, le souffle coupé mais pas assez pour l’empêcher de prononcer  » salope ! »

Cela la fit sourire. Elle profita de l’immobilité de l’homme blessé pour le pousser à terre. Elle attrapa la corde dans sa poche pour lui ligoter les mains. Puis elle le retourna sur le dos et se délecta de la douleur qu’elle pouvait voir dans son regard. Son plaisir s’intensifia quand elle vit la peur y apparaître. Elle se mit à califourchon sur son ventre, assurant l’emprisonnement des mains dans son dos. La douleur de l’entrejambe était de toute façon plus forte que celle de l’écrasement de ses bras contre le sol. Elle planta son regard dans le sien, où la peur se battait avec la colère.

« Voilà ce que je voulais rajouter connard: tu t’es servi de moi, tu sais ce que j’en pense. Mais tu t’en fous. Tu n’as jamais eu le moindre scrupule à débarquer dans ma vie et à me faire miroiter les possibilités d’une relation sérieuse et douce tout en me cachant l’existence des sentiments que tu éprouvais encore pour ton ex. Aucun scrupule non plus à tout foutre en l’air. Tu n’as pas assumé tes actes. Et tu recommenceras, parce que tes décisions sont dictées par tes organes génitaux plus que par ton cerveau. Mais j’ai un scoop pour toi: c’est pas comme ça que ça marche. Et je vais m’assurer que tu captes bien le message. »

Elle se releva, l’attrapa par les chevilles et le glissa jusqu’à la grande table à manger. Elle attacha chaque cheville aux pieds de la table. Il recommençait à retrouver de la voix: il gémissait et l’insultait à tour de rôle. Elle lui écrasa de nouveau l’entrejambe pour le faire taire. Puis elle se dirigea vers la cuisine. Elle attrapa une pomme et lui enfonça dans la bouche. Elle retourna au plan de travail et attrapa le couteau maculé de jus de poivron. Elle le nettoya soigneusement au liquide vaisselle, vérifia le fil de la lame. Puis elle ouvrit les différents placards jusqu’à trouver un chiffon propre. Elle en déplia plusieurs jusqu’à en trouver un grand qu’elle découpa en lambeaux. Enfin elle revint vers lui et déposa couteau et chiffons par terre. Elle pouvait voir qu’il était maintenant épouvanté.

Elle défit son jean, attrapa l’élastique du caleçon et descendit le tout aussi loin que l’écartement des jambes pouvait le permettre. Il essayait de se tortiller mais les mains dans le dos et les jambes attachées limitaient sa liberté de mouvements. La pomme dans la bouche gênait sa respiration.

Elle se redressa, s’étira et le regarda la supplier du regard. Quand elle empoigna le couteau elle entendit les « non! » malgré la pomme. Elle s’agenouilla à côté de son bassin, dégagea le pénis tout contrit des bourses et apposa la lame sur le côté.

« Je serais toi j’arrêterais de me tortiller, tu va me faire louper »

Il fallait qu’elle le crie pour couvrir les hurlements qu’il arrivait à émettre malgré la pomme.

Elle ajusta à plusieurs reprises la position de la lame et trancha d’un coup sec. Les hurlements cessèrent. Il s’était évanoui.

Elle attrapa le chiffon propre et l’appliqua avec forte pression sur le périnée pour stopper l’hémorragie. Avec les lambeaux découpés, elle maintint le chiffon appliqué en les enroulant autour des cuisses et hanches inertes. Elle attrapa ensuite les bourses libérées et se dirigea vers l’évier pour les rincer. Elle prit l’éponge et essuya le sang répandu sur le sol et le couteau qu’elle nettoya une deuxième fois.

Elle reprit les bourses rincées, les sécha grossièrement et revint vers l’homme inerte. Il commençait à émettre des sons d’étouffement. Elle lui assena quelques claques, lui retira la pomme de la bouche. Il reprit connaissance en hurlant. Il releva la tête pour constater le pansement de fortune et pleura. Il la regarda, en rage.

« T’es une malade, tu es folle, libère-moi, détache-moi que je te tue ! »

La rage lui donnait de la vigueur et il se démenait, malgré la douleur à l’entrejambe. Instinct de survie.

Elle s’agenouilla de nouveau près de lui et lui montra ses bourses. Médusé, il s’arrêta, redoutant une suite. Il cherchait comment la calmer, comment il pouvait s’échapper, son cerveau s’activait tous azimuts pour fuir et se protéger.

Elle était très calme et lui souriait tendrement. Elle approcha sa tête de la sienne doucement, il prit le parti de l’accueillir sans protester. Elle effleura sa bouche de ses lèvres, pointant la langue. Il répondit à son offre de baiser langoureux en ouvrant la bouche. Elle y engouffra les bourses encore humides.

Une notification de téléphone retentit. Elle se leva, se dirigea vers l’endroit d’où elle avait entendu le bruit.

« J’ai envie de toi aussi » lit-elle a voix haute.

« La pauvre… »

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