Writober 13 – Dune

Writober 13 – Dune

Comment ne pas montrer sa déception? Ils avaient l’air tellement contents d’eux! Ils se tenaient tous les cinq, alignés devant lui, guettant sa réaction, la dune du Pilat en toile de fond.

Il aurait dû se méfier aussi: comment auraient-ils pu lui faire une surprise en rapport avec son roman préféré de science-fiction? C’est pas comme s’il avait pu rencontrer le héros de l’histoire ou visiter sa planète! C’était logique après tout, il ne pouvait pas leur en vouloir.
« Bien joué les gars, je ne m’y attendais pas!
– Et attends, ce n’est pas tout, tu n’es pas au bout de tes surprises! Annonça fièrement Louis, son meilleur ami et futur témoin.

– Je me doute que vous avez concocté un programme sur mesure!

– Déjà, maintenant que tu es devant Dune…

– Oui, enfin La dune du Pilat…

– Oui, excuse-nous, mais les voyages intergalactiques, on n’avait pas les moyens! Bon, tu dois gravir la dune, sans passer par les escaliers bien sûr, en portant ce T-shirt.

Louis sortit de son sac à dos Un T-shirt noir portant les inscriptions Paul Muhad ‘Dib sur le devant et Kwisatz Haderach dans le dos avec une photo de la montagne de sable qu’il devait escalader. Il sourit à l’évocation des noms du héros du roman, qui coïncidaient pour partie avec son prénom, et salua leurs efforts de recherche. Paul enfila son T-shirt pendant que ses amis dévoilaient le leur: ils avaient détourné le mot Fremen, nom d’un peuple dans le monde imaginé par Frank Herbert, en barrant le « Fre » pour le remplacer par « Best ».

L’équipe officielle d’enterrement de vie de garçon pouvait commencer l’ascension de la dune. Il était de bon ton d’entraver la course du futur marié par tous les moyens. Parvenus enfin au sommet, essoufflés par leurs courses et leurs rires, ils tombèrent sur la mère de Louis qui attendait le héros du jour, enroulée dans un châle de grand-mère. Il faisait pourtant loin d’être froid, même en haut de la dune.

« Mais qu’est-ce que vous faites là Mme Langlois?

– Pas un mot jeune padawan! A ces mots, Louis réprimanda sa mère:

– Mais non Maman, ce n’est pas Star Wars, mais Dune! Tiens-toi au texte s’il te plaît et ne cherche pas à improviser.

– Pfff! T’es vraiment psycho-rigide mon chéri. Evidemment que tu ne trouves pas de fiancée. Prends exemple sur Paul, il va se marier, lui.

– Non, mais maman, ce n’est pas le sujet. Ah! je savais que ce n’était pas une bonne idée de te faire participer. Bon aller, dis ton texte, qu’on puisse passer à la suite!

La mère de Louis s’approcha de Paul, avec un faux air méchant et menaça de planter dans sa carotide une seringue en plastique issue d’une panoplie de docteur pour enfants. De son panier en osier que Louis lui tendit, elle ressortit une boîte en bois sur laquelle des serviettes en papier avaient été grossièrement collées pour faire figurer de grosses fleurs.

– Mets la main dans la boîte.

Il éclata de rire. « Non, vous avez même la boîte! »

– Ne ris pas jeune padawan.

– Maman!

– Pfff! Bon, je reprends: Mets la main dans la boîte. Si tu la retires, je te tue.

Paul sourit à l’hommage à une scène culte de Dune. Il s’exécuta, sans ressentir une petite appréhension quat à ce qu’il allait trouver dans la boîte. Connaissant ses amis, il redoutait la pire blague de mauvais goût. Ceux-ci entouraient la mère de Louis, la mine très fermée, formant un arc de cercle menaçant devant lui. Il ressentit des piqûres sur les doigts et réprima de justesse son réflexe de retirer la main de la boîte. il comprit que celle-ci était remplie d’épingles de couturière, complètement raccord avec la déco du couvercle. Il sentit également quelque chose de plus lisse, une sorte de boule en verre. Quand la menace de la seringue s’annula, il put ressortir la boule de la boîte avec sa main sur laquelle étaient encore fichées quelques épingles. La boule était une petite fiole sur laquelle on avait grossièrement collé une étiquette portant la mention « Epice ». Ils étaient décidément très forts pour capter des éléments clés du roman.

Louis lui apporta les explications complémentaires: « Si on a bien compris, l’Epice est une sorte de drogue qui te permet de voir l’avenir. Nous, on n’en a pas besoin pour savoir qu’avec Marie, vous allez former un couple de rêve et que vous allez être hyper heureux. Félicitations mon pote! »

Ce texte s’inscrit dans une série qui s’alimentera au cours du mois d’octobre, en lien avec un détournement de Inktober. Le détournement est une idée de Kozlika : au lieu d’un dessin par jour, ce sera un texte inspiré par le mot du jour

3 commentaires

  1. Voilà un enterrement de vie de garçon qui sort des clichés idiots généralement pratiqué. Nul dame se déshabillant langoureusement ou de cuite mémorable ; quoique, nous ne savons pas la suite 😉
    Si il a aussi bien choisie sa femme que ses amis, nul doute que la vie peut lui sourire 😉

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