Writober 17 – Tempête, rage

Writober 17 – Tempête, rage

Il fallait qu’il domine sa rage et la tempête qui sévissait dans son crâne. Son père avait effectivement agi en faveur de sa ré-intégration dans le club, mais pas tout à fait comme lui l’entendait: le coach était toujours en place avec ses bons sentiments et sa gestion en mode bisounours. Il fallait pourtant qu’on ronge son frein et qu’il fasse profil bas. Se concentrer sur l’essentiel: jouer au foot. S’il arrivait à se démarquer par son niveau, peut-être qu’il pourrait être remarqué par quelqu’un qui le prendrait sous sa coupe et qu’il partirait pour des camps d’entraînement de clubs prestigieux?

La pluie se mit à s’abattre violemment, perturbant les tours de stades que les joueurs effectuaient pour s’entraîner. Les rafales de vent leur cinglaient les mollets des gouttes de pluie à la trajectoire déviée. Il continua ses tours, réprimant un fou-rire naissant en repensant aux délires qu’il avait partagés avec ses potes. Un jour qu’il y avait une mini-tempête comme celle-ci, ils étaient en galère dehors, trop loin de chez eux. Et ce grand bénêt de Tom qui avait envie de pisser! Comment tu pisses dehors par tempête? Les vannes avaient fusé ce jour-là. ils étaient rentrés à pied, n’osant pas prendre le bus tellement ils avaient craint de sentir comme des clochards. Ces souvenirs l’aidaient à supporter la pluie et à maintenir sa course. Il ignora délibérément le coach qui les invitait à poursuivre l’entrainement à l’intérieur.

« Tu rentres! »

– Encore quelques tours, j’ai trouvé mon rythme, là. Je veux continuer. La pluie va s’arrêter d’façon!

– Tu ne discutes pas les ordres de ton coach! On poursuit l’entraînement à l’intérieur, tu viens t’entraîner avec le reste de l’équipe. Arrête de la jouer perso. Combien de fois faut-il te le répéter?

– Ok, ok, j’arrive. Ne vous énervez pas, c’est mauvais pour le cœur.

– Non seulement tu suis mes directives, mais tu évites aussi de te foutre de ma gueule. »

Sans répondre, il suivit le coach en petites foulées jusqu’au gymnase. La pluie s’était pourtant arrêtée. Sans moufter cette fois, il suivit à la lettre les instructions du coach. Il s’en voulait d’avoir encore cherché à se démarquer, à n’en faire qu’à sa tête. Profil bas on a dit! Il allait être mis à l’épreuve dans les semaines à venir. Il ne fallait pas qu’il compte participer aux prochaines matches. Il allait se montrer conciliant, bon élève et il allait même encourager Edouard. C’est vrai qu’il avait de la technique ce p’tit pédé. S’il voulait être repéré par un club, il fallait qu’il atteigne son niveau de technique.

A la fin de l’entraînement, il attendit que tout le monde soit parti pour retrouver le coach. Il n’y alla pas par quatre chemins:

« Je voudrais m’entraîner avec Edouard.

– D’où ça sort ça?

– Je l’ai observé pendant le match et pendant l’entraînement. Il a une super technique. Moi, je pourrai lui apporter sur les aspects vitesse et intimidation de l’adversaire.

– Il faut que j’en discute avec lui. Je te rappelle qu’il s’est plaint de ton comportement.

– Je sais. On n’est pas obligés de s’entrainer ensemble dès demain. Je vais changer, me calmer.

– Beau programme. Le coach, souriait à moitié, ironique, et le toisait, bras croisés. Il marqua un temps avant de poursuivre: Je vais y réfléchir. Et surtout ce sera conditionné à ta bonne conduite.

– Ok. Je ne vous décevrai pas.

– Ah oui? le Coach leva un sourcil, puis prit un air amusé. Tu veux vraiment te racheter, hein? C’est bon ça! Tu veux vraiment me faire plaisir?

Il n’aima pas le nouveau ton du coach, plein de sous-entendus. Il sentit une goutte de sueur glacer son échine. Il avala péniblement pour contrer cette boule grossissant dans sa gorge.

– Oui, je veux ré-intégrer l’équipe et reprendre les entraînements. Je … Je suis prêt à… ne plus la jouer perso.

Une deuxième goutte de sueur, suivie d’une troisième.

– Et bien… Le coach s’approcha, et se pencha pour planter son regard dans le sien.

Ne pas ciller, ne pas se montrer faible.

– Tu vas te débrouiller pour nettoyer le hall du gymnase que vous avez salopé avec vos crampons.

Ce texte s’inscrit dans une série qui s’alimentera au cours du mois d’octobre, en lien avec un détournement de Inktober. Le détournement est une idée de Kozlika : au lieu d’un dessin par jour, ce sera un texte inspiré par le mot du jour

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