Writober 25 – Copain, copine

Writober 25 – Copain, copine

Elle tomba sur son répondeur. Pas très étonnant, elle devait sans doute être occupée avec ses enfants, à accompagner l’un au hockey sur glace, amener la deuxième chez une amie pour une soirée pyjama ou peut-être était-elle sur la route de l’hôpital pour l’aîné qui s’était encore cassé quelque chose.

Ou alors elle était en répétition pour le théâtre, ou en train de préparer ses dossiers pour représenter le personnel au sein de son entreprise qui avait lancé un énième plan social. Ou elle était bêtement en courses.

« Allo ?

– Salut ma belle ! Tu m’as appelée ? Mon téléphone était en silencieux et les enfants ont décidé de passer la journée à se hurler les uns sur les autres, mais sans se disputer. Juste pour jouer! Ils sont très inventifs!

– Tu es arrivée à t’isoler ?

– Oui ! Je fais une pause clope-silence sur le balcon! Bon sinon, comment ça va? Pas trop dur le boulot en ce moment? La rentrée s’est bien passée pour les enfants? Qu’est-ce que tu en as fait pour les vacances?

– Papy-Mamie sont de service! Et tout le monde est ravi. Tu es en congés pour garder les tiens ? Ou ils peuvent se garder tous seuls?

– Tu rigoles? Tu veux qu’ils mettent le feu à l’appartement? Ah ah! Non, pas question de les laisser tous seuls. On s’est répartis les jours de congés sur les deux semaines. On profite du week-end pour passer du temps tous ensemble. On s’est organisés un tournoi de jeux vidéos. Ça les a rendus hystériques! Petit, ados, adultes, il y avait pour tout le monde, on a bien rigolé.

– Excellent! Mais il devait y en avoir un ou deux un peu plus favorisés que les autres?

– Justement, on a exclu tous les jeux qu’ils connaissent par cœur. C’était une vraie foire d’empoigne, j’avais l’impression d’être en réunion syndicale au boulot!

– Tu t’en sors avec cette situation, ce n’est pas trop dur?

– Si, c’est dur. Ces vacances tombent à pic. Mais on a obtenu beaucoup plus que ce qu’on espérait au moment de l’annonce du plan. Je suis contente pour beaucoup de mes collègues qui ne s’en sortent pas trop mal.

– Bravo à toi. Je connais ta détermination et ton sens de l’équité. Je suis sûre que tu as dû beaucoup négocier.

– Oui, c’était fatigant et nerveusement très prenant. Mais avec mes ados à la maison, j’ai un entraînement permanent à la négociation ! D’ailleurs je te laisse, ils sont en train d’égorger le petit ! Il faut qu’on s’organise pour se voir bientôt. Tu m’envoies vos dispo ?

– Ok, avec plaisir! À bientôt, je t’embrasse!

– Je t’embrasse bien fort, bisous chez toi! « 

Elle lui avait redonné le sourire. Quelle énergie ! Même à travers cette conversation anodine, elle avait réussi à lui en transmettre. Comme depuis vingt-cinq ans qu’elles se connaissaient. C’est tout ce dont elle avait besoin pour mettre ses doutes et ses peines entre parenthèses.

Ce texte s’inscrit dans une série qui s’alimentera au cours du mois d’octobre, en lien avec un détournement de Inktober. Le détournement est une idée de Kozlika : au lieu d’un dessin par jour, ce sera un texte inspiré par le mot du jour

3 commentaires

  1. C’est vrai, ça semble anodin à la surface, comme conversation — mais on ressent les complicités sous-jacentes ; et comment un échange anodin peut être apaisant…

    En parlant de toute autre chose, dis-moi : dans ton menu, il ne manque pas un lien où l’on puisse voir la liste de tous les billets (classés peut-être par catégories : writober, Diane, etc.) ?

    Et pour finir. La lecture plus ou moins quotidienne de ton blog, et de quelques autres qui participent à ce writober, ou inktober, ou iwak, ainsi que les interactions que j’ai pu avoir à cause de ce jeu d’écriture, m’a donné deux envies :

    (1) celle de lire le blog de l’Auberge des blogueurs ; ou au moins en partie, en suivant quelques personnages (ou quelques auteurs.trices, maintenant qu’on connaît leurs identités). J’avais décidé au tout début de ne pas y participer parce que je sentais que ça me dépassait et que, dû à certaines circonstances, je n’avais pas la tête pour cela (et je crois que j’ai eu raison) ; puis quand l’Auberge a ouvert, j’ai eu l’impression qu’il y avait un tel flot de textes et de personnages que seulement l’idée de suivre ça me dépassait aussi, et j’ai renoncé à la simple lecture (et j’ai l’impression que j’ai eu tort) ;

    (2) celle de reprendre mon ancien blog, ou d’en entamer un nouveau.

    Fini les aveux, buddy !

    1. Merci Pablo pour ce message!
      Ce blog a été créé après l’aventure de l’Auberge, donc il n’y a pas beaucoup de textes à lire!
      J’ai prévu de rapatrier ceux de Diane de l’Auberge, c’est dans ma to do list.
      À l’inverse de toi, et par méconnaissance totale de l’ampleur du projet, je me suis inscrite à l’Auberge. Je ne connaissais personne, j’en avais entendu parler de manière assez indirecte. Je comprends ton point de vue de lecteur, il y avait énormément à lire ! Je n’ai pas tout lu, loin de là !
      Tu as ressenti à travers ce jeu iwak la même chose que moi à L’auberge. Envie de lire les autres, d’interagir et surtout d’écrire plus soi-même.

  2. Merci à toi ! Pour les archives de ce blog, il manque par exemple un sommaire des writober’s (si on veut un lire un en particulier, on est obligé de faire défiler tous les billets… ou j’ai raté quelque chose ?).

    Et maintenant que tu en parles, je suis curieux de savoir comment tu as su de l’existence des blogueurs de l’Auberge (j’en connais depuis longtemps plusieurs, à travers les blogs, et j’ai eu la chance d’en rencontrer quelques-un.s en personne aussi !).

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